Croissance normale et pathologique

Texte

 

ITEM 53 Retard de croissance staturo-pondérale

  • Évoquer un retard de croissance staturo-pondérale.
     

ITEM 243 Hypothyroïdie

  • Diagnostiquer une hypothyroïdie chez le nouveau-né, l'enfant et l'adulte.
  • Connaître les principes de la prise en charge thérapeutique.
     
Avant de commencer…

La croissance est le reflet de la santé de l'enfant. Son évaluation systématique est par conséquent un élément clé du suivi pédiatrique. En effet, de nombreuses pathologies peuvent se manifester par un retard de croissance qui peut être initialement isolé. Le retard de croissance doit donc être considéré comme un signe d'appel justifiant toujours une évaluation. La reconstitution des courbes de croissance à partir des données du carnet de santé, l'interrogatoire, l'examen clinique et des examens paracliniques simples permettent souvent d'orienter le diagnostic.

 

I. Pour bien comprendre

A. Croissance normale de l'enfant

1. Points de repère à mémoriser

Les paramètres à connaître sont mentionnés dans le tableau 1.1.

Tableau 1.1. Repères de croissance.
Âge Taille (cm) Poids (kg) PC (cm)
Naissance à terme TN = 50 PN = 3,5 PCN = 35
4 mois 60 7 (= PN × 2) PC = (Taille/2) + 10
9 mois 70 9
1 an 75 10 (= PN × 3)
4 ans 100 (= TN × 2) 16 50

TN : taille de naissance ; PN : poids de naissance ; PC : périmètre crânien ; PCN : périmètre crânien de naissance.

Au cours du premier trimestre, les nourrissons doivent prendre 25 g par jour ; le poids de naissance est doublé à 4 mois et triplé à 1 an. Le gain de taille est d'environ 25 cm la première année puis d'environ 10 cm par an les deux années suivantes ; la taille de naissance est doublée à 4 ans.

 

2. Physiologie de la croissance staturale

Chez l'enfant, la croissance staturale se fait au niveau de la plaque de croissance. Cette croissance est contrôlée par de nombreux facteurs : nutritionnels et énergétiques, psychoaffectifs, hormonaux (hormone de croissance et IGF-1, hormones thyroïdiennes, hormones sexuelles), osseux et génétiques (reflétés par la taille cible calculée à partir des tailles des parents).

figure1.1
Fig. 1.1. Vitesse de croissance et les quatre phases de la croissance staturale.
 

La croissance staturale est schématiquement séparée en quatre phases interdépendantes (fig. 1.1) :

  • croissance fœtale reflétée par les paramètres de naissance : phase de croissance la plus rapide (50 cm en 9 mois) ;
  • de la naissance à l'âge de 4 ans : vitesse de croissance élevée qui décroît progressivement (25 cm la première année, environ 10 cm par an les deux années suivantes) avec mise sur le couloir de croissance génétique (reflétée par la taille cible) ;
  • de 4 ans au début de la puberté : phase de croissance linéaire (environ 5 à 6 cm par an ; pathologique si < 4 cm par an après 4 ans) ;
  • au cours de la puberté : accélération de la vitesse de croissance (8 à 10 cm par an) avec un gain moyen au cours de la puberté (pic de croissance pubertaire) de 20 à 25 cm chez la fille et 25 à 30 cm chez le garçon. La taille adulte moyenne est de 177 cm chez les hommes et de 165 cm chez les femmes (selon les courbes françaises actualisées en 2018).

 

3. Évaluation pratique de la croissance

L'évaluation de la croissance repose en premier lieu sur les mesures du poids et de la taille. Dans le cadre du suivi pédiatrique, il est recommandé de mesurer ces paramètres au minimum tous les 3 mois jusqu'à l'âge de 2 ans puis tous les 6 mois jusqu'à la fin de la croissance, et de les noter sur le carnet de santé.
Jusqu'à l'âge de 3 ans, la mesure du périmètre crânien est associée à ces paramètres.

Ces paramètres doivent être interprétés en fonction de l'âge et du genre en utilisant des courbes adaptées à la population. En France, les courbes actualisées dans le carnet de santé en 2018 sont la référence ; elles sont assez proches des courbes de l'OMS. Ces courbes de croissance permettent de définir les valeurs « normales » (au sens de répartition normale ou gaussienne) et pathologiques de la croissance de manière purement statistique. Par définition, les paramètres de croissance de 95 % de la population se situent entre les intervalles – 2 DS (2,5e percentile) et + 2 DS (97,5e percentile).

Concernant la croissance staturale d'un enfant, il est également très important de l'interpréter en fonction de son potentiel génétique reflété par la taille cible (égale à la moyenne des tailles du père et de la mère + 6,5 cm chez le garçon ou – 6,5 cm chez la fille). Les études de populations indiquent que la taille adulte de 95 % des enfants se situe à ± 1,5 DS de leur taille cible. Ceci signifie qu'une taille inférieure à – 1,5 DS de la taille cible doit être considérée comme pathologique (fig. 1.2) ; une taille à – 2 DS sera considérée « normale » pour un enfant dont la taille cible est à – 0,5 DS.

L'aspect de la courbe de croissance reflète la vitesse de croissance ; la vitesse de croissance peut être régulière ou ralentie (fig. 1.3).

Enfin, le rapport entre les courbes de croissances staturale et pondérale doit être analysé (fig. 1.4). Ce rapport peut être appréhendé par l'indice de masse corporelle qui est égal au poids (en kg) rapporté au carré de la taille (en mètre) (voir chapitres 15 et 16).

 
figure 1.2
Fig. 1.2. Interprétation de la taille en fonction de la taille cible.

Un enfant dont la taille est à – 1 DS pour une taille cible à + 1 DS (A) est considéré comme petit et doit être exploré. Si la taille est en rapport avec la cible génétique (B), la croissance est considérée comme normale. (Sources : Courbes AFPA-Inserm, CRESS, Compugroup Medical 2018.)

 

figure 1.3
Fig. 1.3. Interprétation de la taille en fonction de la vitesse de croissance.

Une cassure de la courbe de croissance (A) oriente vers une pathologie acquise (tumeur cérébrale, par exemple). Une croissance régulière (B) oriente vers une pathologie constitutionnelle. (Sources : Courbes AFPA-Inserm, CRESS, Compugroup Medical 2018.)

 

B. Retard de croissance staturo-pondérale : définitions

Définition d'une insuffisance pondérale : voir chapitre 15.

Définition d'une anomalie de la croissance staturale :

  • taille < – 2 DS selon les courbes de la population générale ;
  • et/ou taille < – 1,5 DS par rapport à la taille cible génétique ;
  • et/ou ralentissement (ou cassure) de la vitesse de croissance (< 4 cm par an après 4 ans).
Le retard de croissance staturo-pondérale doit être considéré comme un signe d'appel justifiant toujours une évaluation.
L'analyse des courbes doit être systématique et comporter ces cinq informations : mensurations à la naissance, aspect de la courbe de croissance (courbe régulière ou ralentissement de la vitesse de croissance), taille de l'enfant par rapport à la population générale (taille exprimée en DS en fonction de l'âge et du genre en utilisant des courbes adaptées à la population), taille de l'enfant par rapport aux tailles parentales (distance à la taille cible), rapport entre la croissance staturale et la croissance pondérale (reflété par l'indice de masse corporelle).
figure 1.4
Fig. 1.4. Interprétation de la taille en fonction du poids.

Un déficit pondéral précédant un retard statural (A) oriente vers une cause nutritionnelle (maladie cœliaque, par exemple). Un excès de poids s'accompagne habituellement d'une accélération de la vitesse de croissance (B) (dans l'obésité commune, par exemple). L'association d'une prise de poids et d'un ralentissement statural (C) doit toujours alerter et conduire à évoquer des pathologies hormonales (GHD par pathologie hypothalamo-hypophysaire notamment tumorale, hypothyroïdie, hypercorticisme) ou génétiques (obésité syndromique, maladie osseuse constitutionnelle). (Sources : Courbes AFPA-Inserm, CRESS, Compugroup Medical 2018.)

 

II. Orientation diagnostique devant un retard de croissance

A. Enquête clinique

L'analyse de la courbe de croissance staturo-pondérale est un élément clé de la démarche diagnostique (fig. 1.5) ; on distingue deux situations :

  1. le retard pondéral est isolé ou antérieur au retard statural : il est indicatif d'un déséquilibre de la balance énergétique : carence d'apport ou malabsorption, augmentation de la dépense énergétique, pertes excessives (voir infra tableau 1.2) ;
  2. le retard statural est prédominant, associé à un poids en rapport avec la taille ou au contraire excessif en regard de la taille : les causes principales sont d'origine énergétique, endocrinienne (hypothyroïdie, hypercorticisme, déficit en hormone de croissance), osseuse ou génétique (syndrome de Turner, par exemple, à toujours évoquer chez la fille) (voir infra tableau 1.3).

Comme lors de toute démarche diagnostique, l'examen de la courbe de croissance est associé à un interrogatoire précis et un examen clinique complet. L'interrogatoire recueille les antécédents familiaux (consanguinité, arbre généalogique précisant les poids, tailles et âges pubertaires des parents et de la fratrie) et personnels (déroulement et terme de la grossesse, mensurations à la naissance, pathologie néonatale, acquisitions psychomotrices et apprentissages, alimentation, antécédents médico-chirurgicaux, traitements…), ainsi que le contexte psychosocial et le retentissement psychologique du retard statural. Un examen clinique de tous les systèmes est réalisé, à la recherche des signes associés aux différentes causes de retard statural. En période pubertaire, le développement des caractères sexuels secondaires est coté selon la classification de Tanner (voir chapitre 2).

Image
Fig. 1.5. Orientation diagnostique devant un retard de taille.

 

B. Évaluation paraclinique

L'exploration d'une insuffisance pondérale isolée ou antérieure au retard statural est décrite dans le chapitre 15.

La détermination de l'âge osseux fait habituellement partie de la consultation d'un enfant de petite taille. Il se mesure sur une radiographie de la main et du poignet gauche de face qui est comparée à des radiographies standards disponibles pour les garçons et les filles (atlas de Greulich et Pyle). L'âge osseux est peu informatif pour déterminer l'étiologie d'un retard statural (il est souvent retardé dans les pathologies hormonales mais également dans les retards simples de croissance et de puberté) ; il renseigne sur le potentiel de croissance de l'enfant.

En cas de cassure de la vitesse de croissance staturale et/ou de signes d'hypertension intracrânienne, une imagerie cérébrale et hypophysaire (scanner ou IRM) et un fond d'œil (recherche d'hypertension intracrânienne) doivent être réalisés en urgence avant toute exploration hormonale, afin d'éliminer une tumeur hypothalamo-hypophysaire.

En l'absence d'éléments d'orientation, un bilan général est discuté, comprenant en première intention :

  • NFS, ionogramme sanguin, réserve alcaline, créatinine, calcémie, phosphatémie, phosphatases alcalines, transaminases, ferritine, VS, CRP, IgA anti-transglutaminase et IgA totales ;
  • bandelette urinaire (protéinurie, glycosurie, densité urinaire) ;
  • TSH, T4L, IGF-1 ;
  • caryotype sanguin chez la fille.

Des taux bas d'IGF-1, en l'absence de dénutrition ou de pathologie hépatique, conduiront à réaliser des explorations approfondies de l'axe somatotrope (tests de stimulation de la GH) et des autres fonctions hypophysaires en milieu spécialisé.

 

C. Principales causes

Le tableau 1.2 résume les principales causes d'insuffisance pondérale.
Le tableau 1.3 résume les principales causes de retard de croissance staturale.

 

Tableau 1.2. Principales causes d'insuffisance pondérale.

 

Tableau 1.3. Principales causes de retard de croissance staturale.
Mécanismes Principales causes
Carence énergétique Le retard statural est le plus souvent secondaire à une insuffisance pondérale (voir tableau 1.2) ; cependant, certaines pathologies notamment digestives (maladie cœliaque, par exemple) peuvent se manifester initialement par une anomalie de taille isolée (sans insuffisance pondérale)
Carence de soins

 Nanisme psychosocial

La carence de soins, la négligence peuvent être responsables d'un retard staturo-pondéral par carence d'apports mais aussi déficit hormonal d'origine psychologique
Causes hormonales

 Causes endocriniennes :

 Déficit en hormone de croissance congénital ou acquis, isolé ou associé à d'autres déficits hypophysaires (toujours évoquer une tumeur hypophysaire de type craniopharyngiome)

 Hypothyroïdie congénitale ou acquise (thyroïdite de Hashimoto)

 Excès de glucocorticoïdes (le plus souvent hypercorticisme iatrogène, plus rarement syndrome de Cushing)

 Retards pubertaires (quelle qu'en soit la cause)

Ils sont associés à une absence d'accélération pubertaire de la vitesse de croissance
Causes squelettiques

 Maladies osseuses constitutionnelles

Causes génétiques

 Syndrome de Turner (fille)

 Autres anomalies chromosomiques ou génétiques

Retard de croissance intra-utérin

 RCIU sans rattrapage statural postnatal

Une démarche étiologique, à la recherche d'une pathologie affectant la croissance et de début anténatal, est importante
Idiopathique

 Petite taille idiopathique, le plus souvent familiale (diagnostic d'élimination)

III. Points clés à propos de certaines causes

A. Retard pondéral isolé ou antérieur au retard statural

Le tableau 1.2 synthétise l'ensemble des diagnostics à évoquer.

Les principales causes de retard pondéral prédominant d'origine gastro-entérologique et/ou nutritionnelle sont traitées dans d'autres chapitres (voir partie IV).

 

B. Retard statural prédominant

Le poids est en rapport avec la taille, voire est excessif en regard de la taille.

 

1. Nanisme psychosocial

Carence de soins, négligence peuvent être responsables d'un retard staturo-pondéral par carence d'apports mais aussi par déficit hormonal d'origine psychologique. L'amélioration de la croissance staturo-pondérale après éloignement de l'enfant de son milieu familial permet de porter le diagnostic a posteriori.

 

2. Causes endocriniennes

Les causes endocriniennes sont responsables d'un ralentissement de la croissance staturale le plus souvent associé à un poids excessif en regard de la taille ; l'âge osseux est retardé.

Hypothyroïdies

Les hypothyroïdies congénitales sont dépistées lors du dépistage néonatal systématique réalisé à 3 jours de vie (voir chapitre 44). À la naissance, les enfants atteints d'hypothyroïdie congénitale ont une taille et un poids normaux pour leur âge gestationnel. En l'absence de traitement précoce, le retard statural et le retard des acquisitions psychomotrices vont apparaître dans la première année de vie. Grâce au dépistage, le diagnostic est précoce (fin de la première semaine de vie), ce qui permet une évolution favorable sous traitement substitutif.

Les hypothyroïdies acquises peuvent survenir à des âges variables (pic de survenue à l'adolescence, notamment chez la fille). Elles entraînent un ralentissement de la vitesse de croissance pouvant parfois aller jusqu'à l'arrêt complet de la croissance. Hormis le retard statural, les spécificités pédiatriques de l'hypothyroïdie sont les difficultés scolaires et la présence fréquente d'un goitre. Les autres signes cliniques (asthénie physique et psychique, frilosité, constipation) sont semblables aux signes observés chez l'adulte, souvent discrets, aboutissant fréquemment à un retard diagnostique.

La cause la plus fréquente d'hypothyroïdie acquise de l'enfant est la thyroïdite de Hashimoto : la TSH est élevée, associée à une T4L basse ; les anticorps anti-thyroperoxydase (TPO) sont positifs ; le tissu thyroïdien est hétérogène à l'échographie.
 

Hypercorticisme

Chez l'enfant, il est le plus souvent iatrogène (corticothérapie orale prolongée). Il peut être d'origine endogène : maladie de Cushing secondaire à un adénome hypophysaire sécrétant de l'ACTH ou syndrome de Cushing secondaire à une production autonome de cortisol par les surrénales.

La courbe de croissance est très évocatrice et associe un ralentissement de la vitesse de croissance staturale à une prise de poids excessive.

Le diagnostic de syndrome de Cushing est évoqué devant un dosage élevé du cortisol libre urinaire sur 24 heures et confirmé par la perte du cycle nycthéméral du cortisol et l'absence de freinage au cours du test de freinage à la dexaméthasone.
 

Déficit en hormone de croissance (Growth Hormone Deficiency, GHD)

En dehors de la période néonatale, le retard statural est la principale manifestation du GHD.

On distingue les causes congénitales et acquises de GHD.

Concernant les causes congénitales, les mensurations à la naissance sont le plus souvent normales et le retard de croissance ne se manifestera que secondairement dans les premières années de vie. Le diagnostic est souvent évoqué en période néonatale devant des hypoglycémies prolongées (au-delà de la première semaine de vie). L'examen clinique recherche des signes évocateurs d'autres déficits hypophysaires : ictère (déficit thyréotrope ou corticotrope), verge de petite taille et/ou cryptorchidie (déficit gonadotrope). Des anomalies de la ligne médiane sont parfois associées (colobome, sténose des sinus piriformes, anomalies du palais ou de la luette).

L'IRM hypophysaire recherche une malformation hypothalamo-hypophysaire.

Concernant les causes acquises, le diagnostic peut être porté chez des enfants présentant une pathologie connue à risque : traumatisme crânien sévère, infections neuroméningées et causes iatrogènes, notamment radiothérapie cérébrale.

Parfois, l'apparition d'une cassure de la vitesse de croissance va permettre de révéler une tumeur de la région hypothalamo-hypophysaire qui doit toujours être évoquée (notamment un craniopharyngiome). Lorsque ce diagnostic est évoqué, il convient de rechercher des signes d'hypertension intracrânienne (céphalées et vomissements matinaux), des signes neurologiques et d'autres déficits hormonaux associés (notamment le diabète insipide qui est fréquent dans cette étiologie). Un examen ophtalmologique avec fond d'œil et champ visuel peut retrouver un œdème papillaire (en rapport avec l'HTIC) et une hémianopsie bitemporale (en rapport avec une compression du chiasma optique). Surtout, une imagerie de la région hypothalamo-hypophysaire (scanner ou IRM) est demandée en urgence sans attendre les résultats des bilans hormonaux.

En dehors des situations urgentes, le diagnostic de GHD repose sur l'association de signes cliniques, hormonaux et radiologiques :

Les autres fonctions hypophysaires (thyréotrope, corticotrope, lactotrope, gonadotrope ± recherche de diabète insipide) seront évaluées de manière concomitante lors des tests de sécrétion de GH.

 

3. Causes syndromiques, génétiques

Le syndrome de Turner est une affection génétique rare (1 cas pour 2 500 filles) lié à l'absence totale ou partielle d'un chromosome X chez la fille : monosomie du chromosome X (45,X) ou mosaïque.

Il associe :

L'existence de formes paucisymptomatiques (liées à des mosaïques) justifie la réalisation systématique d'un caryotype chez les filles de petite taille même en l'absence de signes cliniques.

 

4. Maladies osseuses constitutionnelles

Les maladies osseuses constitutionnelles doivent être évoquées devant un retard de taille dysharmonieux (prédominant sur les membres ou le tronc). Le caractère proportionné ou non du retard statural peut être objectivé par la mesure des segments corporels : envergure (environ égale à la taille) et taille assise (environ égale à la moitié de la taille debout). Ces maladies osseuses peuvent être d'origine familiale, les tailles parentales et par conséquent la taille génétique peuvent donc également être basses.

Le diagnostic repose sur les radiographies de squelette et des analyses génétiques ciblées.

 

5. Autres causes de retard statural

Retard statural secondaire à une petite taille de naissance

Le terme de retard de croissance intra-utérin (RCIU) est réservé aux enfants pour lesquels la preuve du début intra-utérin du retard de croissance a été faite (par l'échographie anténatale, par exemple). Il est préférable d'utiliser, pour les enfants ayant un petit poids et/ou une petite taille de naissance, le terme de « petit pour l'âge gestationnel » (Small for Gestational Age des Anglo-Saxons, SGA).

Un enfant né à terme est dit SGA si le poids est inférieur à 2,5 kg et/ou la taille inférieure à 47 cm.

Dans 90 % des cas, la taille se normalise dans les deux premières années de vie. Les 10 % d'enfants nés SGA qui ne rattrapent pas leur retard statural sont à risque de petite taille finale. L'association SGA et absence de rattrapage statural nécessite la recherche d'une étiologie (syndrome génétique ou maladie osseuse, en particulier). Hormis le retard statural, les enfants SGA sont à risque de puberté avancée et de syndrome métabolique à l'âge adulte, mais pas d'obésité.

 

Retard simple de croissance et de puberté

C'est la cause la plus fréquente de retard statural à l'adolescence chez les garçons. Il est plus rare chez les filles (diagnostic d'élimination).

Classiquement, on observe un ralentissement progressif de la croissance qui peut s'infléchir dès la préadolescence. Ce retard s'aggrave habituellement à la période pubertaire du fait du retard de la puberté et de l'absence du pic de croissance normalement associé. Des antécédents familiaux de retard simple de puberté sont souvent retrouvés. L'âge osseux est habituellement très retardé et inférieur à l'âge de début normal de puberté (11 ans chez la fille, 13 ans chez le garçon), d'où un pronostic statural satisfaisant.

Il s'agit cependant d'un diagnostic d'élimination car certaines pathologies organiques (notamment tumorales, inflammatoires) peuvent se présenter comme un retard « simple ».

S'il existe des antécédents familiaux, un infléchissement statural modéré (perte staturale < 1 DS), une taille dans les limites de la normale (> – 2 DS), un âge osseux retardé par rapport à l'âge civil, aucun signe fonctionnel et un examen physique normal, les examens complémentaires sont inutiles et une surveillance clinique simple est suffisante. Dans les autres cas, des explorations peuvent être discutées.

Petite taille constitutionnelle, ou petite taille idiopathique

Il s'agit de la situation la plus fréquente (environ 85 % des cas) quand on explore un enfant de petite taille. Il s'agit d'un diagnostic d'élimination. Dans la plupart des cas, les tailles parentales sont petites, la vitesse de croissance est régulière (après mise sur le couloir génétique dans les premières années de vie) et l'âge osseux correspond à l'âge chronologique. Il est probable que cette proportion de petite taille idiopathique diminue dans les années à venir grâce aux nouvelles techniques génétiques (séquençage de l'exome ou du génome).